Nancy à Gavrinis
Huile sur toile
Quand j'ai peint ce tableau, ma fille avait quatre ou cinq ans. C'est une jeune femme aujourd'hui.
Le souvenir reste assez vif de la balade qui a inspiré la toile.
Nous étions partis en excursion un jour d'été, à Gavrinis, dans cette île qui fait face à l'entrée du Golfe du Morbihan,
là où les courants sont extrêmement forts au moment des changements de marées.
C'était une belle journée ensoleillée et chaude.
On avait pris un bateau navette à Larmor-Baden qui rejoint l'île en dix minutes.
Il y a quelques millions d'années, Gavrinis était rattachée au continent.
Au centre se trouve un important cumulus ou plus exactement un cairn. On y pénètre par une ouverture étroite
et l'on parcourt un couloir sur une dizaine de mètres, dans une quasi obscurité.
Avec une lampe de poche on peut observer les parois sculptées. Les motifs consistent surtout en des courbes concentriques,
des spirales assez régulières ou encore des zigzags dont on ne connait pas vraiment la signification.
A une certaine heure, le soleil s'inscrit dans l'axe exact du couloir et éclaire la pierre du fond,
dans une ambiance insolite digne des "Aventuriers de l'Arche perdue"...
Après la visite culturelle, nous avions marché jusqu'à une petite plage de cailloux.
Nancy portait une jolie petite robe bleue à dos nu. C'était l'époque où elle n'aurait jamais, au grand jamais enfilé un short...
Je regardais ma fille avec ravissement, son joli minois de profil, son petit cou fin et sa nuque gracile mise en valeur par la coiffure :
les cheveux fins et bouclés retenus assez haut dans un élastique.
On avait apporté quelques sandwiches et picniqué en profitant du mieux possible de l'ombre
du grand pagne tendu à la hâte par Bernard entre deux bâtons.
L'après-midi, on s'était baigné mais l'eau était par contre un peu fraîche.
Les enfants avaient barboté et s'étaient amusés à faire des ricochets dans l'eau avec les galets plats...
C'était l'heure de retourner à l'embarcadère.
Une fois dans le bateau, on avait renfilé les pulls. L'heure avançant et la brise sur le golfe avaient rafraîchi l'atmosphère.
Nancy avait les joues rougies par le soleil et ses paupières tombaient alors qu'elle appuyait sa tête sur l'épaule de son père.
La moitié de l'île appartient aujourd'hui à un producteur de cinéma.
Il s'occupe du site et a créé une communauté d'artistes qui exposent l'été à Gavrinis.
Dans un film reportage diffusé en janvier 2012 dans l'émission Thalassa, nous l'avons vu accéder à sa belle maison en voiture amphibie
déclenchant au sortir de l'eau, à la manière d'un James Bond le déploiement des roues pour grimper la pente et stationner devant chez lui.
Il y a bien longtemps que je ne suis pas allée à Gavrinis et suis bien curieuse de savoir si le charme opère toujours.
L'endroit presque sauvage autrefois a t il gardé autant d'attrait ?