La pluie... Les tulipiers.
Acrylique 60 x70 cm
J'en ai marre. Je hais cette pluie qui n'en 2finit plus.
Je voudrais porter des robes sur mes jambes nues.
Pas envie de sortir, d'affronter la grisaille.
Paysage morose, il n'y a plus rien qui vaille.
Monotonie des jours, dégoulinade sans fin.
Avec ce temps pourri, on s'ennuie, on se plaint.
Même ce vert luxuriant, là, j'ai une overdose
De ces rideaux de flotte qui tombent sur toutes choses!
Des semaines que je voudrais aller jouer au tennis.
Pas la peine d'y penser, sûr que le terrain glisse.
Pauvre petite chérie! Il y a plus grave bien sûr.
T'as pas à travailler dans le bruit, la froidure!
C'est vrai, sous les tropiques, normalement il fait chaud.
Avez vous vu Rio quand il ne fait pas beau?
On se garde bien alors de faire des photos.
Souvent, si vous saviez, le ciel fait le gros dos.
Non, c'est une posture, je ne suis pas fâchée.
Rester à la maison, la solitude me sied.
Peindre tout à loisir, la pluie est un abri.
Le soleil peut bouder. Non, c'est pas triste ici.
La pluie fait des claquettes, elle danse la samba.
Elle s'en donne à coeur joie, elle fait la nouba.
C'est plus qu'une douche, un déluge triomphant.
Les gouttes font des flaques et les flaques des torrents.
La nature est ainsi, il n'y a point de défaite.
Multiples métamorphoses, les plantes sont en fête.
Elles se rincent, elle s'ébrouent, se tordent sous les eaux.
Oui, mais là çà suffit, que dit la météo?
Un peu mieux ce matin, suis de meilleure humeur.
Vélo d'appartement, je me lève de bonne heure.
Au petit-déjeuner, je mire les tulipiers
L'orange magnifique des pétales lessivés.
Malgré la lumière pâle, la couleur est magique.
Quand on quittera ce lieu, je serai nostalgique.
Allez! Faut profiter de tout ce qui est beau
Au diable les jérémiades, je cherche mes pinceaux.
Le ciel a beaucoup pleuré, fait sa crise de nerfs.
On a dû supporter qu'il nous fasse ses grands airs,
Qu'il sorte de ses gonds, déverse sa colère.
Maintenant, il s'est calmé, on respire, c'est plus clair.
Quelques fleurs de tulipiers ont été malmenées.
Elles gisent par terre, un peu tournicotées.
Les plus jeunes sont ouvertes et tendues vers le ciel,
Dans leurs robes orangées, elles sont encore belles.
Il reste sur les feuilles quelques larmes : des diamants
Pour l'aube débutante, des colliers transparents.
Les orchidées émergent toutes fraîches de leur nuit
La pluie doit se reposer, la fiesta est finie.
Brasilia, mars 2015
Claire Mallet